Se vider de soi pour n'être plus que tout.

 

Vision surplombante, englobante.

Voir notre environnement proche,

voir la Terre et sa biosphère,

voir l'univers avec des yeux candides,

comme si on les voyaient VRAIMENT

pour la toute première fois.

Ou pour la dernière fois.

En éprouvant un saisissement grandissant.

Se pénétrer de l'étrangeté du réel.

De notre insignifiance par rapport au "Tout".

S'en tenir à la réalité toute nue,

coller à l'instant présent,

à cette vision cosmique instantanée,

source perpétuelle d'évolution,

d'étonnement, de questionnement.

 

 

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Replacer l'être humain dans l'immensité de l'univers.

« L’expérience d’une vision surplombant les choses a permis d’imaginer une vision mentale qui survole la terre et le monde et à laquelle il est fait allusion d’un bout à l’autre de l’Antiquité. Cet exercice, qui consiste à parcourir par l’imagination l’immensité de l’espace, à accompagner le mouvement des astres, mais aussi à diriger d’en haut son regard vers la terre, pour y observer le comportement des humains, est décrit très fréquemment, que ce soit chez Platon, chez Epicure, chez Lucrèce, ou encore chez Philon d’Alexandrie, ou chez Ovide, ou chez Marc Aurèle, ou chez Lucien. Cet effort de l’imagination, mais aussi de l’intelligence, est destiné surtout à replacer l’être humain dans l’immensité de l’univers, à lui faire prendre conscience de ce qu’il est. Tout d’abord conscience de sa faiblesse puisqu’il lui fait ressentir combien des choses humaines qui nous semblent d’une importance capitale sont, envisagées dans cette perspective, d’une petitesse ridicule… Il s’agit aussi de faire prendre conscience à l’être humain de la grandeur de l’homme, puisque son esprit est capable de parcourir tout l’univers. Car cet exercice conduit à un élargissement de la conscience, à une sorte de vol de l’âme dans l’infini, que décrit Lucrèce à propos d’Epicure. Surtout, il a pour effet de permettre à l’individu de voir les choses dans une perspective universelle et de se dégager de son point de vue égoïste. C’est pourquoi ce regard d’en haut conduit à l’impartialité. »

 

Pierre Hadot dans "La philosophie comme manière de vivre."

 

 

Nous sommes une part de la danse cosmique.

« Il ne s'agit pas, pour Vimala Thakar, de rejeter les structures dans lesquelles notre vie est prise et dont le "moi" fait partie, mais plutôt de se réconcilier avec elles tout en vivant simultanément d'une vie plus large. "Rejeter la structure n'est pas la liberté. Vous avez à vous réconcilier avec vos limites. Se mouvoir à travers les limitations est une dimension de la vie et jouir d'une liberté inconditionnelle en est une autre." Ces deux dimensions peuvent d'ailleurs s'interpénétrer. On peut "garder la présence de la vie à travers toutes les relations, perceptions, expériences. C'est notre responsabilité de continuer à jouer le jeu de la vie sans en perdre l'essence... Derrière la conscience du "je", il y a une énergie qui n'est pas sectorisée, qui n'est ni vôtre ni mienne, qui est pure vie, pure intelligence, pure conscience, et qui imprègne tout l'univers. Cette énergie ne peut être fragmentée ni possédée par aucun individu… L'homme ne sera jamais heureux, jamais en paix avec lui-même et n'aimera jamais ses semblables à moins qu'il ne prenne conscience de cette intégralité homogène et indivisible de la vie. Le menu fragment, créé par l'homme, que représente le monde de la civilisation et de la culture, n'en est qu'une partie. Nous avons les espèces non humaines vivant avec nous, les animaux terrestres, les oiseaux, les poissons, les montagnes, les rivières, les lacs, les océans, les planètes… ce sont nos semblables." Si comme le dit Hubert Reeves, nous sommes de la "poussière d'étoiles", comment ne pas reconnaître qu'une solidarité profonde nous lie au cosmos et fait de tous les êtres qui le peuplent des compagnons d'existence? " Comment nous identifier exclusivement à cette petite, étroite entité nommée l'ego, le moi, et créer ainsi une résistance au flot de la conscience cosmique… Nous ne sommes pas séparé de la totalité de la vie. Nous ne sommes pas hors d'elle. Nous sommes dedans. Nous sommes une part de la danse cosmique qui émerge et s'immerge." L'être humain qui entre dans cette danse et se laisse porter par son énergie n'a rien à perdre sinon ce sentiment égotiste, cet isolement dans lequel il cherche en vain sa sécurité, cette opacité dans laquelle il s'enferme. "Quand il n'y a pas le sentiment d'être quelqu'un ou quelque chose séparé de la totalité de la vie, tout change. L'obscurité de la conscience individuelle recule comme la nuit devant l'aurore. Alors les rayons du soleil emplissent la conscience et la nuit devient le jour. »

Alain Delaye, citant et commentant Vimala Thakar,

dans "Sagesses concordantes", volume 1

 

 

Englouti dans cet espace global.

« L’expérience de la mer est trop globale, trop mystique pour pouvoir être réduite à un rapport interindividuel… Il y a une différence essentielle entre un rapport interindividuel qui se situe dans un espace culturel et ce que vous éprouvez lorsque vous êtes seul en mer par une belle nuit étoilée, émerveillé par la splendeur et l’immensité du cosmos, vous sentant entièrement englouti dans cet espace global, sans pouvoir faire autre chose que d’y participer, et les mots n’arriveront jamais à décrire cela… En mer, je ne suis plus moi-même, je suis le cosmos. »

 

Henri Laborit dans "Le Monde Dimanche", 24 avril 1983

 

 

Une illusion d’optique.

« Un être humain n’est qu’une partie, limitée dans le temps et dans l’espace, du Tout que nous appelons "l'univers". Cependant il considère sa personne, sa pensée, ses sentiments comme une entité séparée. C'est là une sorte d'illusion d'optique, une illusion qui nous enferme dans une espèce de prison, puisque nous n'y voyons que nos propres aspirations et que nous ne donnons notre affection qu'au petit nombre de personnes qui nous sont les plus proches. Il est de notre devoir de sortir de ces étroites limites et d'ouvrir notre cœur à tous les êtres vivants et à la nature entière dans sa magnificence. Nul n'est capable d'atteindre pleinement ce but, mais nos efforts pour y parvenir contribuent à nous libérer et à nous apporter la sécurité intérieure. »

 

Commentaire attribué (?) à Albert Einstein.