Comédie humaine et autodérision

 

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« L'humour est la politesse du désespoir. »

(Georges Duhamel)


« On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde. »

(Pierrre Desproges)

 

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L'humour? Excellent pour dissiper les malentendus.
Réputé bon pour le moral, l'humour s'avère également souverain pour éviter d'emblée certains malentendus. Non, non, non, n'allez surtout pas croire que l'animateur de ce site serait de ceux qui se prennent au sérieux. Ou de ceux qui s'imaginent avoir des recettes-miracles à monnayer. Ou de ceux qui pensent que le fruit de leurs sublimes cogitations mérite une admiration sans borne. Non, non, non! L'intéressé n'est qu'un bipède sans prétention.

L'humour? Un révélateur qui vous dévoile le dessous des cartes.

Rien de tel qu'un humour un peu incisif pour donner du piment à la vie qui, telle quelle, ne manque déjà pas de sel quand les humains font leur cinéma avec une conviction inébranlable. En caricaturant nos travers, l'humour nous aide à démasquer nos illusions, nos faiblesses, notre stupidité. Pour en rire sans retenue quand nous sombrons dans la suffisance. Pour constater à quel point nous nous prenons parfois outrageusement au sérieux. Pour prendre conscience de la futilité de certains de nos penchants, de la frivolité de certaines tentations auxquelles, trop souvent, nous succombons avec une facilité déconcertante. Pour illustrer l'inanité de la plupart de nos convoitises. Pour montrer, enfin, à quel point notre univers mental, bien souvent, nous égare, nous fait prendre des vessies pour des lanternes et l'objet de nos désirs ou de nos croyances pour des promesses de satisfactions garanties, profondes et durables. Mais l'humour a aussi des vertus thérapeutiques, aussi faut-il s'atteler au plus vite à la tâche. Pour se mettre en jambes, on peut commencer par rire d'autrui. Pas méchamment bien sûr. Juste en guise d'échauffement préalable. Dans un premier temps, sachons nous montrer espiègles pour mieux rire ensuite de nos propres difformités mentales!

Avant toute chose, procédez à un état des lieux.

Faites un petit effort d'imagination, équipez-vous d'une lampe frontale et cramponnez-vous… Ça y est: vous venez de pénétrez à l'intérieur de votre boîte crânienne. C'est facile et vous ne risquez pas de vous égarer: on rentre par une oreille et on ressort par l'autre. Bon, maintenant, attention! Les éclairs de lucidité n'étant pas suffisants pour assurer l'éclairage de la boîte crânienne, allumez votre lampe frontale. Marchez sans bruit sur la pointe des pieds – vous découvrez à présent un paysage assez croquignolet. La voûte crânienne qui vous surplombe ressemble au plafond des grottes que découvrent les spéléologues les plus chevronnés. C'est une voûte osseuse couverte de concrétions calcaires d'où pendent de curieuses stalactites spiralées en forme de tire-bouchon. Devant vous serpentent vos canaux neuronaux qui ressemblent comme deux gouttes d'eau aux canaux de Venise. En moins touristique! Sur la rive, vous apercevez maintenant une vieille barque dont la coque est couverte d'anatifes. Et soudain, vous reconnaissez l'embarcation. Mais oui, mais oui! C'est à son bord que vous bourlinguez depuis des années à l'intérieur de votre crâne. Considérant l'état de vétusté de ce bateau et sa carène envahie par des colonies d'algues et de mollusques, vous comprenez enfin pourquoi vous aviez tant de mal à mener votre barque dans ce dédale de canaux.

Mettez-vous sans tarder à l'ouvrage.

Vous n'avez pas de raclette ad hoc sous la main? Armez-vous alors d'une simple cuillère à pot virtuelle et attendez un instant. A mon com-man-de-ment? Prêt? Grattez! L'humour a des vertus décapantes d'une extraordinaire efficacité. En deux coups de cuillère à pot – si j'ose dire! – vous allez pulvériser la gangue animale et végétale qui emprisonne la coque de votre embarcation. Retrouvez aussi votre aviron et grattez-le bien. Retrouvez enfin votre épuisette pour la nettoyer comme il faut. Votre barque n'a-t-elle pas maintenant fière allure! Les lignes de sa carène ne sont-elles pas superbes! Vous allez pouvoir remettre votre bateau à l'eau et glisser sur l'eau sans entrave, retrouver enfin le bonheur de godiller sans effort. Quelques rotations de godille et vous voilà parti! Maintenant, ouvrez l'œil. Examinez attentivement tous les corps étrangers flottant à la surface de l'eau. Y compris ceux qui dérivent entre deux eaux. C'est le moment de saisir votre épuisette et de bander vos muscles. Une émotion exacerbée qui frétille à bâbord, un désir futile en goguette sur tribord, une armada de fantasmes agglutinés près de la rive, un espoir en perdition droit devant, une illusion parasite un peu plus loin, une frustration semi-immergée ici, un ressentiment bondissant comme un poisson volant… pas de quartier, vous plaquez sauvagement votre épuisette sur ces hôtes indésirables et vous jetez tout ce beau monde au fond de la barque. Couac, couac, couac, un dernier soupir et même les plus coriaces trépassent en deux temps, trois mouvements. Après quelques heures de décontamination massive, vos canaux neuronaux sont méconnaissables. Métamorphosés, ils vont se réoxygéner illico. Pour exprimer votre satisfaction, il vous reste à pousser maintenant le cri de Tarzan. Une fois, deux fois, trois fois. Hourra! Repérez maintenant l'oreille par où vous êtes entré et ressortez par l'autre. Votre cerveau à présent dépollué va retrouver une seconde jeunesse. Après cette escapade intérieure mouvementée, vous avez droit au repos ... Vous pouvez dormir douze heures d'affilée sur vos deux oreilles. Après quoi, pour commencer, vous pourriez peut-être vous inspirer de la rubrique intitulée "Pratiquez l'alternance!".