Je suis coach !

Naître ou ne pas naître,

that is the question!

Les coachs prolifèrent et comme je ne suis pas plus co(n)ach qu'un autre – mais pas moins non plus – j'ai décidé de pousser les investigations un peu plus loin en exerçant moi-même ce métier que chacun peut adopter sans qualification particulière, métier au demeurant des plus lucratifs quand on sait duper autrui avec panache !

Je coach, donc je suis.

C’est là tout l’attrait de cette profession des temps modernes. Depuis que je coache comme un malade, je m’affirme. Finis les doutes, l’humeur qui vacille, les frustrations, l’angoisse, la timidité, la tentation du retour à l’utérus… Je campe droit dans mes petites bottes et les autres croient en moi, si bien que je finis par y croire aussi ! 

Le coach des temps modernes sévit dans les zones fortement urbanisées. Mais il sévit aussi à la campagne, à l’attention des citadins. Il fleurit dans toutes les disciplines et vous le trouverez déguisé en religieux, en guru, en sportif. Il se pavane dans les partis politiques, les milieux professionnels, dans l’aide au jardinage, à la pêche à la ligne, à la perpétuation de l’espèce, bref, partout. Il y a le coach de plage qui vous enseigne à alterner le bronzing et les ploufs. Il y a le coach gratteur-fouilleur qui vous assène soudain « c’est un vers de terre ! » avec un aplomb très écologique. Il y a le coach très cinécollectif qui vous fait signe, non pas pour voir un film bien précis, mais pour aller, à plusieurs, au cinéma. Il y a le coach rabatteur qui vous apprend à mettre le nez dehors pour aller vous faire coacher en groupe. Il y a le coach rural qui prêche le retour à la terre et vous apprend à éplucher les pommes de terre… à l’ancienne !

Le coach rôde un peu partout. Un vrai coachmar ! On peut notamment déceler sa présence en parcourant les petites annonces des quotidiens. Si vous tombez en arrêt devant une annonce libellée comme suit :

  Vous êtes alors, sans aucun doute, en présence de l'individu recherché. Il s’agit ici – cas particulier – d’un coach généraliste qui peut, lui, résoudre tous les problèmes.

Quant à moi, j’exerce mes talents dans un jardin d’enfant où je m’efforce de brailler plus fort que les autres pensionnaires en émettant des cris de détresse à fendre l’âme, ce qui me vaut beaucoup de sollicitude de la part des braves femmes chargées de nous surveiller. J’exerce sur elles une autorité incontestable, je les mène par le bout du nez, elles me passent tous mes caprices, bref, je les coache et les manipule à leur insu et j’exulte ! Quand je serai grand, je frapperai encore plus fort et le monde  entier sera à mes pieds.