Accueillir l'inattendu inespéré!

L'état de grâce du renouveau!

 

 

 

Tous modelés par

nos souvenirs et nos antécédents…


Tous les humains ont le même ultime destin mais chacun a des antécédents, un patrimoine génétique, une enfance, une éducation, un environnement initial, un vécu, des souvenirs différents si bien que l’infinie diversité des causes peut susciter la sagesse ou la folie, la cruauté ou la bienveillance!

 

Pris dans la tourmente...

Une épreuve vous est infligée par de vrais tortionnaires ou des tourmenteurs en herbe formatés par un système de valeurs à leurs yeux légitime : leur échapper si c’est possible mais, dans tous les cas de figure, comprendre la logique des intéressés.  Paralysés par les chaînes mentales qui les entravent, ils ne savent pas ce qu'ils font parce qu’ils n'ont pas choisi d'être ce qu’ils sont. Constater leur ABSENCE DE CULPABILITÉ, accueillir leurs croyances, comprendre leurs convictions, leur aveuglement. Si l’expérience douloureuse alors vécue génère la moindre rancœur qui enfle et s’enracine, le calvaire intérieur se poursuit indéfiniment, même après l’épreuve. Et c'est ce qui, sans doute, explique le suicide de certains rescapés des camps de la mort nazis – à jamais marqués par leur infortune.

 

Reprogrammer ses neurones.

Métaphore: Mieux vaut s'inspirer de la vasque qui accueille, vous irrigue et vous lave à grande eau que d'être la poubelle qui accumule le trop vécu, le périmé, l'excès de rumination, les déchets d'un passé qui, sitôt écoulé, tisse en nous les mailles du filet qui nous tient prisonnier.

 

Tenter de comprendre...

On ne louera jamais assez le talent et la sensibilité d’un philosophe comme André Comte-Sponville lorsqu’il réussit à rendre compréhensibles les termes les plus abscons – notamment pour ceux qui n'ont pas eu le privilège de faire des études supérieures. Lorsqu’il parvient à rendre limpides et claires les notions ou les sentiments les plus difficiles à cerner. Il a notamment su trouver des mots, à mes yeux, bouleversants pour rendre hommage à toutes celles comme à tous ceux qui, sur cette Terre, nous ont précédés, se sont exprimés, puis s’en sont allés.


« Dans toute parole,
si elle est vraie,
quelque chose survit
à l’extinction de la voix,
quelque chose rayonne encore
dans le silence. »

 

Et lorsque je lis et relis ces lignes, je ne peux m’empêcher de songer avec émotion aux dernières lignes du Petit Prince de Saint-Exupéry:

 

"... C'est ici que le petit prince a apparu sur terre, puis disparu. Regardez attentivement ce paysage afin d'être sûr de le reconnaître, si vous voyagez un jour en Afrique, dans le désert. Et,  s'il vous arrive de passer par là, je vous en supplie, ne vous pressez pas, attendez un peu juste sous l'étoile! Si alors un enfant vient à vous, s'il rit, s'il a des cheveux d'or, s'il ne répond pas quand on l'interroge, vous devinerez bien qui il est. Alors soyez gentil! Ne me laissez pas tellement triste: écrivez-moi vite qu'il est revenu..."

 

Je songe aussi et surtout à cette jeune femme nommée Etty Hillesum, morte à vingt-neuf ans, le 30 novembre 1943, dans la chambre à gaz d’Auschwitz, assassinée par les nazis.  Assassinée parce qu’elle était juive. Et dont le journal, tenu de 1941 à 1943, recèle des pages qui figurent, à mes yeux, parmi les plus poignantes jamais écrites dans ce registre.

 

 

La petite Juive de Maurice Fanon

 

Dans ce monde borné de quel entre deux guerres
Où ceux qui font les lois les troussaient par derrière
Nous n'avions que cinq ans du pains sec au dessert
Pour cinq lettres de trop ou un pet de travers
On nous disait tu vois c'est la croix que Grand-Père
A gagné au Chemin des Dames et nos grands frères
Abandonnant le bleu pour un kaki douteux
Cocufiaient Madelon dans les bras de Marlène
Une fois l'an nous allions voir entre père et mère
La victoire en chantant nous ouvrir la barrière
Et nous nous en allions en suçant des bonbons
Jouer du revolver à deux sous le bouchon.


Et je me souviens, la petite juive
Elle me disait viens
Elle était jolie
On faisait des bêtises
Où on ne faisait rien
Elle s'appelait Lise
Et je m'en souviens


Dans ce monde truqué de quelle drôle de guerre
Tout ceux qui font le front le bradait à l'arrière
Nous n'avions que dix ans et dans nos gibecières
Une histoire de France qui tombait en poussière
On nous a fait courir, traverser des rivières
Sur des ponts d'Avignon qui dansaient à l'envers
Ça tirait par devant, ça poussait par derrière
Les plus pressés n'étaient pas les moins militaires
On nous a fait chanter pour un ordre nouveau
D'étranges Marseillaises de petite vertu
Qui usaient de la France comme d'un rince cul
Et s'envoyaient en l'air aux portes des ghettos


Et je me souviens, la petite juive
On lui a dit viens
Elle était jolie
Elle a fait sa valise
Un baiser de la main
Elle s'appelait Lise
Il n'en reste rien


Dans ce monde mort-né d'avant quelle autre guerre
Le Japon blessé lèche encore son cancer
Dans ce monde septique où ceux qui ont la foi
Ne savent plus si Dieu est devant ou derrière
Dans ce monde d'argent où la banque surnage
Comme une poisson ventru qui attend le naufrage
Nous n'avons que trente ans sainte horreur de la guerre
Et pourtant nous n'avons pas cessé de la faire
On nous a fait marner de Djébel en rizières
De Karib en Sylla, de cuvettes en civières
Comme si nous n'avions pas autre chose à faire
Qu'à montrer nos fesses aux quatre coins de la terre


Et je me souviens la petite Juive
Elle me disait viens
Elle était jolie
On faisait des bêtises
Où on ne faisait rien
Elle s'appelait Lise
Et je m'en souviens.